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2. Voyage volcanique

Quelques heures plus tard, dans les ténèbres du volcan endormi, un craquement se fit entendre. L’œuf frémit et bascula sur le côté dans un bruit rocailleux. Une fissure apparut sur le côté, émettant une faible lueur provenant de l'intérieur. Suite à la première, plusieurs autres se dessinèrent rapidement, éclairant la caverne telle une lanterne. Des lézardes s'esquissèrent trois lettres formant un nom ; « ZOK ». Brusquement un morceau de la coquille d'écailles s’effrita et le reste s’effondra en un tas de cendre. La lumière vacilla le temps d'un instant, voilée pour la poussière. Lorsque celle-ci finit de retomber, une silhouette se dévoila. Là, au centre d'un cercle de poudre noire et rouge, reposait une bête. Le premier dragon magique était né.

De petites flammes rouge sang, allant de la queue au crâne, glissaient au rythme de sa respiration. Une petite coulée de feu sur des écailles d'un noir profond, réchauffant l'air de la grotte sans bruit ni fumée. De nouvelles naquirent au niveau des membres, partant des doigts jusqu'à l'articulation des pattes, s'allumant en une vague rapide. Il ne ressentait ni chaleur ni douleur, semblant dormir tel le bébé qu'il était.
Ce dernier ouvrit alors les paupières, dévoilant des yeux structurellement reptiliens mais appartenant au monde de la magie. De la lave s'écoulait de ses pupilles jusqu'aux extrémités de l'iris, représentant le second indice de sa caractéristique surnaturelle.
Se redressant alors, ne dépassant pas la taille d'un gros chat, il scruta les alentours. De la roche de basalte, quelques flaques et un peu de mousse ; ce fut tout ce qu'il vit. Nul dragon, nulle créature n'était présent ; seul l’écho d'une goutte d'eau heurtant le sol lui tenait compagnie.
Les odeurs pouvant l'aider, celui-ci absorba l'air de ses petites narines dans une grande et lente inspiration. Le tout ressortit aussitôt, bien plus vite qu'il n'était entré et dans une gerbe d’étincelles. De ce qu'il avait pu sentir, la présence d'un parfum alléchant provenant du fond de la grotte retint son attention. Ce dernier descendit alors de la pierre plate, où Filora avait posé l’œuf et glissa à l'atterrissage sur le sol humide. La parfaite utilisation de ses pattes dans cet endroit, lui demanderait un peu plus de pratique. Il commença à avancer, suivant cette senteur dont il ne connaissait pas la cause mais qui indubitablement l'attirait à elle. Au bout de quelques minutes d'une marche hésitante et laborieuse, il en découvrit finalement la source.

Étendue sur le sol contre une des parois se trouvait une masse brune à poil ras. Vraisemblablement un ours d'après ses pattes, sa tête ; explosée, couverte de sang et enfoncé dans son corps était méconnaissable. Elle semblait avoir violemment heurté le mur, comme en attestait la tache rouge parfaitement visible s'y trouvant. Il avait été tué la veille, par la sœur de Zok, alors qu'il hivernait. Ne prenant pas le temps de vérifier sa nature, elle avait propulsé ses trois cents kilos d'un revers de patte telle une peluche. Ce genre d'animaux n'était pas de taille face à un dragon d'une vingtaine d'années pesant presque six fois son poids.
Sa curiosité le poussant en avant, il fit quelques pas. Alerte du moindre mouvement, ce dernier demeurait prudent. Cette chose lui était inconnue mais l'odeur était forte. De la bave chaude et légèrement visqueuse se mit à couler. Quelque chose en lui, une envie, un besoin était apparu. Regardant aux alentours, veillant à ne pas être pris par surprise, il mordit dans l'abdomen. Ses crocs, bien que jeune, percèrent facilement la peau et les chairs. Le goût de la viande et du sang dans sa gueule était une première pour lui. Il avala le morceau qui augmenta immédiatement son désir de manger. Son premier repas fut un régal qu'il ne mit guère de temps à finir.
Cette carcasse lui tint lieu de nourriture durant cinq jours, au bout desquels la denrée devint trop mauvaise. Durant cette période, celui-ci ne s'était pas éloigné et avait dormi contre ; il était donc temps d'explorer la grotte.


Marchant d'un pas insouciant, il pénétra de plus en plus loin dans le volcan. Une légère pente remplaça le sol plat et l'espace se réduisit considérablement. La température grimpait lentement mais Zok ne pouvait la ressentir. Les flammes sur sa peau, malgré leur danse endiablée, n'en étaient pas la source. La descente devint alors ne plus en plus abrupte au fur et à mesure des heures qui défilaient. Des colonnes d'air chaud s'échappaient de par et d'autres d'ouvertures, et une forte odeur de souffre était présente. Tout ceci ne dérangeait guère le petit dragon qui continuait tranquillement son chemin, sautillant de rochers en rochers. La maîtrise de ses pattes lui étant acquise, il démontrait toute l'agilité de son âge.
Après un certain temps, ce dernier arriva à une impasse. Regardant aux alentours, il vit un trou bien plus gros que les autres. S'avançant, encore tout heureux de sa promenade, il pressa le pas. Un son semblable à celui de rugissements féroces mêlés à des éclaboussures en émanait. Son intérêt fut piqué et se penchant en avant Zok vit une lueur. Vu d'en haut, l'orifice de sortie ne semblait pas plus gros qu'un poing. Celui-ci s'inclina de plus en plus afin de mieux voir, se servant de sa queue comme contrepoids. Les pattes au bord du vide, il ne pourrait aller plus loin dans l'exploration des lieux.
Ce fut à ce moment qu'il entendit un caillou tomber derrière lui. Tentant de se retourner brusquement, il perdit l'équilibre. L'élan le fit basculer en avant et le petit dragon sombra dans le gouffre.


Il ne lui fallut guère de temps avant de comprendre qu'il tombait. Ce dernier poussa un cri de surprise se transformant vite en peur. Il se mit à tournoyer sur lui-même. Son cœur battait plus vite que jamais. Il essaya au mieux de se raccrocher à une des parois. Ses griffes ne réussirent qu'à érafler la pierre. Celui-ci s'engouffrait toujours plus loin dans les profondeurs. Effrayé, il ferma les yeux. Heurtant à cet instant une roche qui dépassait il se brisa une patte et le bassin. Zok poussa alors un hurlement de douleur. Ceci le ralentit et l'empêcha de tourner. Malheureusement il continuait toujours sa descente. Les secondes lui parurent des minutes. L'idée lui vint que la chute ne finirait jamais. Il finit tout de même par franchir la sortie de ce tunnel. L'espace sembla soudain immense. Paniqué et choqué il se risqua à jeter un œil. En dessous il aperçut une grande étendue rouge sombre. Instinctivement il déplia ses ailes. Ne sachant pas voler ce dernier tenterait de planer. La poussée de l'air lui brisa alors l'articulation gauche. Ceci le fit repartir dans le cycle du départ. Son corps finit par heurter violemment la lave. Le choc lui fut quasiment fatal. Immobile il se mit doucement à couler, cette mer de feu l'engloutissant. À ce moment il perdit conscience, glissant dans les ténèbres.

Dans ce monde, nombreuses sont les créatures magiques. Hormis dans certains havres de paix, celles-ci ne peuvent vivre au grand jour. Chassés et exterminés, ils demeurent à l’abri des regards. Certains animaux naturels sont également, injustement, considéré comme tel.
C'est ainsi, que même dans un volcan endormi, résident des êtres surnaturels. Des golems de lave, ayant le pouvoir de contrôler le sang de la terre. Ils ne possèdent pas une intelligence très développée mais sont relativement paisibles. Accusé d'être responsable des éruptions, un grand nombre fut massacré par les humains. Ils se cachent désormais à l'abri, poursuivant la régulation de cette roche en fusion tel qu'il leur fut ordonné. Lorsque Zok échoua dans le bassin, ces géants s'affairaient à l'évacuation des gaz. De ceux présents, trois le virent tomber. Ils s'approchèrent, curieux de voir cette chose venant d'en haut. Ils n'avaient ni bras ni jambes ; ni même de réel corps. Composé de seulement deux yeux de basalte en amande posé sur une colonne, semblable à une fontaine rouge. Voyant ce petit dragon sombrer, l'un d'eux forma un berceau de roche à la surface. Ils le remontèrent, tandis qu'il continuait de baigner dans la lave. C'est à ce moment qu'une chose les intrigua ; celle-ci ne le blessait pas. Plus encore, les blessures du petit animal semblaient se soigner d'elles-mêmes.


Sur le trajet vers la sortie, un golem de plus petite taille le porta dans une main de basalte. Avançant, il absorbait des roches au sol et laissait une trace de lave. Celle-ci ne tardait pas à refroidir, laissant une traînée noire derrière lui. Les blessures de Zok étaient totalement guéries et ses flammes se portaient bien. Bien que celui-ci n'en ait pas encore connaissance, sa caractéristique lavique lui permettait de se régénérer dans un bain de roche en fusion. Il pouvait, de même, y nager sans aucun problème. La remontée prit beaucoup moins de temps qu'il n'avait fallu au petit dragon pour descendre. La créature arriva rapidement dans une grotte depuis l'intérieur du volcan et déposa délicatement la sculpture au sol. Elle la détacha d'elle-même, le laissant à l'intérieur, puis pris le chemin du retour sans même se retourner. S'engouffrant dans le passage qu'elle venait d'emprunter, celle-ci avait accompli la demande lui ayant été faite.

Plusieurs heures passèrent dans un silence de mort. Il se réveilla d'un coup, en sursaut, comme s'il avait fait un mauvais rêve. Regardant lentement autour de lui, il se vit dans ce qui semblait être une main de roche. Les murs de la grotte n'étaient plus les mêmes et les odeurs étaient différentes. Il se souvint alors de la terrible chute qu'il avait faite, se rappelant avoir heurté violemment une surface rouge. Sa mémoire n'allait plus loin que le moment où il s'était évanoui. Ce dernier remarqua également qu'aucune douleur ne subsistait, les os fracturés et l'articulation brisée n'étaient plus. Cette nouvelle effaça vite l'étonnement, remplacé par la joie. Il sautilla sur place, testant son corps intact. Le petit dragon n'avait pas idée de la manière dont il s'était retrouvé ici et ne le saurait probablement jamais. Regardant devant lui il vit l'entrée de la grotte et s'y dirigea tranquillement, poussé par une curiosité enfantine. Il était temps pour lui de laisser dans les profondeurs ce qui s'était passé et de découvrir ce qui se trouvait à la surface.

À l'extérieur, seule la nuit était présente. Les lunes jumelles, Inora et Iriona, étaient au quart devant des milliers d'étoiles. Face à lui, au pied du volcan, s’étendait une plaine où s'installait un brouillard d'automne voilant peu à peu l'horizon. Non loin, près d'une rivière se faisant encore le miroir du ciel, quelques arbres se balançaient au gré du vent. Tandis que dans le ciel des chasseurs nocturnes débutaient leurs quêtes. Ce n'était plus la vallée d'où Filora l'avait transportée. Il se retrouvait de l'autre côté du volcan, dans les vastes Champs d'Epogga.
Ici commencerait sa nouvelle aventure.

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