Un
bruissement de feuilles mortes parcourra la forêt Valakienne.
Perçant le silence de cette nuit brumeuse, la complainte s'étendait
rapidement le long des arbres. Un vent glacé, prémisse d'une
arrivée d'outre-tombe, soufflait parmi les branches. Des bruits de
sabot, au loin, se firent entendre. D'abord rapide puis de plus en
plus lent et proche. Au détour d'un buisson se dressa alors un fier
étalon. De forte carrure à robe noire, celui-ci hennit recrachant
un impressionnant nuage de vapeur. Son cavalier, enveloppé d'un long
manteau sombre à capuche, le fit stopper net. Il lâcha la bride et
descendit de selle. Pas un son n'émana à l'instant où celui-ci
posa le pied au sol. Il murmura à sa monture, qui étrangement, fit
un mouvement de tête et recula lentement de quelques mètres.
L'inconnu
fixa du regard un large portail, rouillé et couvert de moisissure. Ce
dernier se dressait à quelques mètres le long du chemin,
entrouvert. De par et d'autres, s'élevaient deux piliers faisant le
lien avec un mur d'enceinte. Surplombé de statues endommagées par
le temps, chacune représentait le même personnage qui brandissait un
bâton. L'homme se glissa alors silencieusement entre les deux
grilles, telle une ombre sur un mur.
De l'autre
côté s'étendait un chemin pavé de pierres. Serpentant jusqu'à
une demeure trônant un peu plus haut, il traversait ce qui autrefois
avait dû être un jardin luxuriant.
Après
quelques minutes à marcher, la silhouette arriva au pied d'un
funeste manoir. À la faveur de la lune, se distinguait l'état
désolé de celui-ci. Vitres brisées, nature déchaînée, certaines
parties ne tenaient encore debout que par miracle. Non loin de l'entrée
principale, se dressaient quelques pierres tombales, vestiges d'un
cimetière familial abandonné. Nulle âme sensée n'aurait été
désireuse de vivre ici. Et pourtant, plus haut sur le toit, la
cheminée toussait le signe d'une présence.
L'individu
s'approcha d'une des ouvertures et pencha la tête en avant. Humant
l'air dans un léger sifflement, il marqua une pause, semblant
réfléchir. Ce dernier se faufila finalement à l'intérieur, se
retrouvant dans un couloir en ruine. Le bois était traître, mais
ses bottes disposaient de l'enchantement approprié. Il put ainsi
progresser dans la demeure ne communiquant qu'un léger sifflement de
temps à autre.
À l'angle
d'un mur il discerna un bruit confus non loin. Continuant sa route,
il finit devant une épaisse porte d'où provenait ce dernier. La personne de
l'autre côté semblait plonger dans un léger sommeil, émettant un
ronflement significatif.
Notre homme
posa la main droite face à lui. Sur le gant en cuir, autour de
l'index, la pierre d'une chevalière scintilla d'une lueur bleutée.
Sortant de la bague, une ombre commença alors à se répandre à la
surface de la porte. Il lui fallut plusieurs secondes pour
l'envelopper entièrement. Lorsque ce fut fait, lorsque toute zone
fut recouverte, celle-ci se vaporisa. Là où se dressait le panneau
de bois, ne restait plus qu'une volute de fumée noire se diffusant
dans l'air. Traversant rapidement celle-ci notre inconnu pénétra
dans la pièce. La lumière d'un feu mourant illuminait un vieil
homme dans son fauteuil. Près de la cheminée, contre un mur
reposait son bâton de mage.
Il dégaina
alors deux faucilles attachées à sa taille dans un demi-fourreau.
Le bruit réveilla l'endormi qui releva la tête. Fixant les lames au
reflet rouge d'un regard fataliste, ce dernier soupira.
- Alors
c'est finalement mon tour, Vaal Tombstone ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Qu'en avez vous pensé ?