Vaal fixait
le vieillard, empreint d'un désir noir. Il ne pouvait se laisser
aller à le décapiter, pas maintenant. Il lui fallait d'abord des
réponses et seul cet individu pouvait les lui fournir. Il n'avait
rien obtenu d'utile de ses comparses, qu'il avait fini par démembrer
dans leurs demeures.
Il
s'exprima alors d'une voix impérieuse tandis que le mage regardait
toujours les faucilles.
- Vers
lequel des six les as tu envoyé ?
Celui-ci
releva la tête. Plongeant son regard dans les yeux rouges de Vaal,
il y perçut une rage intense bouillonnante profondément. Durant un
court instant, une brève image de ce qu'il lui réservait lui
parvint. Vision de l'avenir ou peur incontrôlée, lui-même ne
pouvait le savoir. Il baissa les yeux, fixant ses mains qui s'étaient
mises à trembler. Il avait su que ce jour arriverait, et ce depuis
le rituel. Mais il s'était cru préparé à la rencontre, s'étant
résigné à son sort. Il semblerait bien que voir la mort d'aussi
près lui glaçait tout de même le sang.
- Le
vampire Vaal Tombstone qui vient pour se venger, dit-il tentant de
masquer sa voix vacillante. Tuer les autres ne t'as rien apporté,
n'est ce pas. Évidemment, tu as pu savoir où j'étais, mon ancien
domaine familial. Toutefois rien sur ce qui t'intéressait vraiment.
Rien sur pourquoi, ni sur qui. Ici je suis le seul à le savoir après
tout.
Tu veux
savoir qui a reçu ta femme ? Je vais te le dire.
Marquant
une pause, il releva les yeux une nouvelle fois. Ce dernier défia le
vampire d'un regard empreint de lassitude et de peur.
- Ce sont
les six qui l'ont reçue.
Vaal ne
prononça pas un seul mot lorsqu'il entendit cela. Il se mit à
réfléchir sur la signification profonde de ces paroles. Sur ce que
cela avait dû impliquer pour sa femme et son enfant.
- Ce
n'était pas seulement un Dieu mais six, repris le vieux mage. Tous
unis pour condamner Lüna, ta femme. Tu aurais dû le savoir,
vampire. Une déesse ne peut vivre en Teria et encore moins avoir un
enfant, dit-il retrouvant de l'assurance. Après Archeria, les divins
l'ont certainement expédié à Anteria, là où l'eau est feu. Elle
est condamnée alors abandonne.
Repoussant
sa peur à l'évocation des Dieux, le vieux mage continua de parler.
- Et moi,
Idlir, ai été chargé d'accomplir le rituel pour la leur envoyer.
Si tu me tues, ils se retourneront contre toi ! Tu ne peux rien y
faire, va-t'en. Ce ne sont pas ces armes divines qui t'aideront,
dit-il pointant du doigt les faucilles.
À ces
mots, Vaal s'extirpa de ses pensées. Il resserra son emprise sur les
crocs de lune, les armes de sa femme. Deux faucheuses d'un noir
d'encre aux lames d'argent. Lüna les lui avait confié pour qu'il
les défende, elle et son enfant. Malgré cela il avait échoué dans
son devoir de mari et de futur père.
- Dit moi
comment me rendre sur Archeria misérable vieillard, dit-il
brandissant une des armes.
-
Malheureusement pour toi, il faut l'accord des six Dieux pour s'y
rendre. Et la seule personne à en être jamais revenu c'est le roi
d'Arckadon. Et même si tu pouvais y aller que veux-tu faire, ce sont
des Dieux ! Ils sont immortels !
- Mortel
ou immortel, personne n'échappe à son heure. Et la tienne est
venue.
Ne laissant
pas le vieux mage réagir, il s'exécuta. D'un geste, il fit passer
une des lames de gauche à droite. Un filet de sang commença à
apparaître au niveau du cou du vieillard. La tête vacilla un
instant et roula à même le sol. Le visage d'Idlir était toujours
le même, fauchés avant qu'il ne s'en rende compte. Le sang commença
à se répandre sur le fauteuil, sortant du corps avec force et le
teintant de rouge. Vaal renifla celui présent sur la lame et fit une
grimace de dégoût. Ce dernier n'avait pas de quoi le satisfaire. Il
essuya la faucille sur un bout de la robe du mage et les rengaina.
Il repartit
de la demeure d'un pas assuré, soulagé quelque part de la mort
qu'il venait de donner. Pour lui le chemin serait long et difficile.
Il devait retrouver sa femme et son enfant, espérant qu'ils ne
soient pas déjà dans l’au-delà. Faire payer les Dieux pour ce
qu'ils avaient fait à sa famille et indirectement à son pays. Mais
avant tout, il devait se trouver du soutien. Quelqu'un qui lui
apporterait son aide et qui servirait ses objectifs.
Retrouvant
son cheval, il se mit en selle en direction de la lune couchante. Par
là était la ville de Valak, célèbre pour ces cimetières.
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